De nos jours, il est fréquent de voir des sportifs de haut niveau écouter de la musique avec des écouteurs avant de commencer leur compétition. En effet, que ce soit dans des sports individuels ou dans des sports en équipes, plusieurs athlètes incluent l’écoute de musique dans leur routine d’avant match. Certains le font pour passer le temps, se mettre dans une bulle ou penser à autre chose. Et si la musique impactait la performance et permettait de mieux se préparer mentalement pour être performant ?
Dans son mémoire, Geneviève Cardella-Rinfret a voulu savoir si la musique pouvait réellement être un outil de préparation mentale chez les athlètes olympiques. Les résultats de son étude sont assez clairs.
La musique a de nombreux aspects positifs car elle permet :
- d'améliorer la cohésion d’équipe ; autant dans les sports d’équipe que dans les sports individuels. Il avait déjà été démontré que la musique pouvait renforcer le sentiment d’appartenance à un groupe (Priest & Karageorghis, 2008).
- d'entraîner l’imagerie mentale ; à travers une production plus importante d’images mentales chez un individu écoutant de la musique que chez un individu étant dans un état de relaxation (Quittner & Glueckauf, 1983). De plus, en écoutant la musique, une association se fait entre ce qui est entendu et l’imagerie mentale que l’athlète essaie de reproduire (Juslin & Vastfjall, 2008). À force de répétitions, la musique entraîne donc la capacité de production d’imagerie mentale.
- d'entraîner l’automaticité ; le recourt à la musique permet de faciliter la libération des automatismes. Avec la musique les sportifs sont capables de plus facilement se laisser aller de manière à exécuter leur performance de manière automatique sans trop porter leur attention sur l’exécution d’un geste.
- d’accélérer le temps ; les athlètes utilisent également la musique pour se divertir. En écoutant de la musique certains athlètes bénéficie d’une perception altérée du temps comme démontré dans l’étude de Priest et Karageorghis (2008). Lors des compétitions il peut également y avoir de longues périodes d’attente. En écoutant de la musique, le temps semble passer plus rapidement et l’athlète reste ainsi plus concentré et énergique.
- de revivre des souvenirs ; se remémorer sa famille peut aider l’athlète à se sentir mieux. En effet, la musique peut, par conditionnement opérant ou par mémoire épisodique induire une émotion chez l’athlète (Juslin & Vastfjall, 2008).
- de réguler son anxiété et stress ; la musique peut être utilisée comme un stimulant ou un sédatif selon les besoins de l’athlète (Ellis & Brighouse, 1952; Smith & Morris, 1977). Un même athlète peut donc faire diminuer ou augmenter son niveau en fonction de ses besoins du moment.
- de réguler ses émotions ; elles jouent un rôle central dans la performance sportive (Hanin, 2000) et il y a de plus en plus de d’évidences que la musique permet l’atteinte d’un état facilitant la performance. Cependant, toutes les musiques n’induisent pas les mêmes émotions donc il est important que l’athlète fasse un choix judicieux de manière à ressentir le bon état émotionnel.
- d'augmenter sa motivation ; la musique peut également aider les athlètes à s’entraîner régulièrement ou terminer un entrainement qui est difficile. Elle peut conduire à une plus grande fréquence, une plus grande intensité et une plus longue durée des séances d’exercice physique (Szabo et al., 1999; Tenenbaum et al., 2004). Il est non seulement pertinent que les athlètes puissent choisir des musiques qui les motivent, mais il est également pertinent que les entraîneurs et les kinésiologues qui entraînent ces athlètes sachent quelles musiques a un effet positif sur la motivation de l’athlète.
- d'améliorer sa concentration ; l'utilisation de la musique permet de créer un niveau d’activation qui rétrécit le champ attentionnel et donc qui bloque les distractions (Simpson, 1976). La musique semblait avoir créé un type d’isolement du public permettant aux joueuses de bloquer les distractions externes et ainsi maintenir un bon niveau de concentration. Permet également de rester dans le moment présent.
- de contrôler son discours interne ; l'utilisation de la musique permet de faciliter la gestion de ses pensées et ainsi adopter un discours positif
- de développer sa confiance en soi ; la musique peut augmenter l’estime de soi et la confiance des athlètes (Tenenbaum et al., 2004) avant une compétition. La confiance est un des facteurs psychologiques les plus importants à la réalisation d’une bonne performance sportive, mais aussi l'un des plus complexe.
- d'atteindre l’état de flow (ou performance optimal) ; la musique peut faciliter l’atteinte de l’état de flow (Levitin, 2007). L’état de flow (Csikszentmihalyi, 1975) est un état psychologique optimal qui se caractérise par une combinaison presque parfaite entre le défi imposé lors d’une situation particulière et le niveau d’habileté de l’athlète.
Attention, il y a tout de même des points sur lesquels les sportifs doivent être vigilants, car la musique peut nuire sur leur performance en entraînement ou en compétition dans deux conditions :
1- Lorsqu’il est important d’entendre = entendre les consignes et les correctifs de leur entraîneur. En plus d’interagir avec les coéquipiers ou avec les entraîneurs, les athlètes ont parfois besoin de repères sonores, interne ou de calme pour performer.
2- Lorsque la musique devient une distraction = Parfois la musique va induire le mauvais état émotionnel. D’autres fois, la musique peut augmenter le niveau d’anxiété cognitive de l’athlète. Les athlètes n’ont pas toujours le choix de la musique qu’ils entendent.
Conclusion :
Les résultats de cette étude suggèrent que les athlètes devraient élaborer une stratégie plus réfléchie de leur utilisation de la musique comme outil de préparation mentale. En effet, la plupart des athlètes n’exploitent pas cet outil au maximum puisqu’ils choisissent les chansons sans aucun critère particulier. Cette étude montre une multitude de raisons pour en écouter. En effet, la musique agit comme outil déclencheur ou comme régulateur de divers processus psychologiques, donc il est important de bien la choisir en fonction de la personne, de la situation et de la tâche ; d’autant plus que la musique peut également nuire à la performance si elle n’est pas adéquate.
La musique est un outil à la portée de tous, cependant les données ont démontré qu’il faut d’abord déterminer les besoins de l’athlète puis déterminer la raison principale de l’écoute musicale et enfin sélectionner la bonne musique. C'est pour cela qu'il est important d'être accompagné par un spécialiste en psychologie du sport, c'est à dire un préparateur mental titulaire d'un diplôme reconnu par la SFPS.
Pour plus d'informations je reste à disposition. Vous pouvez également me contacter par mail (sapet-agicpm@outlook.fr) ou par téléphone (06.35.92.44.87) pour commencer votre entraînement mental.
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